Maroc : revivre après le séisme
Après le tremblement de terre qui a frappé, le 9 septembre 2023, la province d’Al Haouz au Maroc, il a fallu apporter une aide immédiate aux victimes… et commencer à reconstruire. Dans ce pays où l’islam est religion d’État, des organisations protestantes ont participé au mouvement de solidarité. C’est le cas de l’Église évangélique au Maroc, l’une des seules Églises officiellement reconnues et avec laquelle le Défap est en lien, qui a pu bénéficier de 20 000 euros recueillis via la plateforme Solidarité protestante. Autre organisme chrétien, mais spécialisé dans l’aide d’urgence, Adra a reçu pour sa part 15 000 euros.
Le Maroc a été frappé par un très violent séisme dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023 © DRC’était le 9 septembre dernier. Le Maroc venait de subir, en pleine nuit, son plus puissant séisme jamais enregistré (avec une magnitude de 6,7 à 6,9) et les habitants de la région montagneuse du Haut-Atlas voyaient un nouveau jour se lever sur les ruines. Près de 3000 morts, plus de 6000 blessés, et des dégâts immenses : au-delà des destructions fortement médiatisées de la ville touristique de Marrakech, les zones les plus impactées par le tremblement de terre étaient les régions rurales, où de nombreux villages se retrouvaient à la fois ravagés et coupés du monde. Très vite, un vaste mouvement de soutien s’organisait pour venir en aide aux rescapés et déplacés.
Dans ce pays où l’islam est religion d’État, le Défap est en lien avec une des seules Églises officiellement reconnues par les autorités : l’EEAM (Église évangélique au Maroc). De taille réduite (une douzaine de paroisses réparties dans tout le pays) mais en croissance, elle a développé une importante action diaconale, notamment en direction des migrants à travers son Comité d’Entraide Internationale (CEI). Dans les heures suivant le séisme, sa présidente, la pasteure Karen Smith, a adressé un message de prière et de soutien à toutes les victimes, ajoutant : « Pour chacun et chacune de nos fidèles, que le Seigneur mette sur nos cœurs le désir d’agir avec vrai amour pour leurs prochains au niveau local, que la compassion nous anime pleinement pour que toutes nos actions soient des signes de l’amour éternel de Dieu ». Message entendu : des actions spontanées de solidarité ont commencé à s’organiser au niveau des paroisses. Prières pour les familles touchées, appels aux dons en argent, vivres, matériel, vêtements : les membres de l’EEAM, déjà habitués à venir en aide aux migrants, ont très vite manifesté de manière concrète leur solidarité envers leurs voisins.
« Le plus important pour notre Église est d’être un bon partenaire pour notre prochain, notre voisin »
Carte des zones touchées par le séisme au Maroc © Google MapsAu niveau institutionnel aussi, l’EEAM a voulu montrer son soutien, avec un don symbolique : 50 000 dirhams (4 600 euros) versés au fonds mis en place par le gouvernement marocain aussitôt après le séisme. Mais au-delà du symbolique, l’EEAM avait aussi besoin de ressources pour pouvoir soutenir les victimes et œuvrer à son échelle à la reconstruction. C’est là que le Défap a pu intervenir, avec Solidarité protestante.
Si les projets portés par le Défap se déploient avant tout sur un temps long, l’urgence de certaines situations appelle aussi à une manifestation de solidarité immédiate. C’est précisément pour y faire face qu’a été créée la plateforme Solidarité protestante, que le Défap a contribué à mettre en place et dont il fait partie. Le comité de cette plateforme est piloté par la Fondation du Protestantisme et la Fédération protestante de France qui s’entourent d’ONG et d’institutions chrétiennes expertes dans l’aide humanitaire d’urgence et de crise. L’appel aux dons lancé par Solidarité protestante dans les heures suivant le séisme a permis de verser 35 000 euros à l’EEAM, via le Défap, ainsi qu’à l’organisation humanitaire Adra (Agence de développement et de secours adventiste).
Passés les premiers jours d’après-séisme et l’aide spontanée offerte par les paroisses de l’EEAM, les fonds recueillis par l’Église (20 000 euros) ont en partie servi à venir en aide à des réfugiés, notamment d’Afrique subsaharienne, déjà en situation de forte précarité et qui s’étaient retrouvés privés de tout moyen de subsistance avec le tremblement de terre. Il a aussi fallu aider à reloger des étudiants bénéficiant de bourses du Comité d’entraide internationale. Et au-delà de l’aide matérielle et médicale aux migrants aux aussi touchés par le séisme, l’EEAM vise à développer des micro-projets pour leur permettre de retrouver une autonomie financière. À une échéance plus lointaine, l’EEAM veut œuvrer à la reconstruction du pays en partenariat avec des associations locales. Comme le souligne la pasteure Karen Smith, « le plus important pour notre Église est d’être un bon partenaire pour notre prochain, notre voisin. » L’organisation Adra, plus spécialisée dans les interventions d’urgence, a pour sa part utilisé les 15 000 euros reçus de Solidarité protestante pour distribuer des vivres, du matériel d’hygiène et des couvertures à 500 foyers parmi les plus touchés, ce qui représentait environ 2500 bénéficiaires. Adra a aussi aidé à financer des distributions de repas chauds organisées par des associations caritatives locales.