L’Assemblée du Désert et le souffle du grand large

L’histoire des protestants est marquée par de nombreux départs : exils face aux persécutions, quête de terres où vivre librement leur foi, voire de terres de mission… Il sera donc question de voyages lors de cette Assemblée du Désert 2023 : à travers une tentative de fonder une colonie française réformée dans la baie de Rio-de-Janeiro, dès le XVIème siècle ; ou encore à travers l’exode provoqué par la révocation de l’édit de Nantes… Il sera aussi question de la SMEP, la Société des Missions évangéliques de Paris, l’ancêtre du Défap, à travers le parcours du missionnaire et ethnologue Maurice Leenhardt auprès des kanak de Nouvelle-Calédonie.

L’affiche de l’Assemblée du désert, édition 2023 © Cevaa

L’Assemblée du Désert est un grand rassemblement protestant organisé chaque année le premier dimanche de septembre sur les terrains du Musée du Désert. La première eut lieu le 24 septembre 1911, lors de l’inauguration du Musée avec ses fondateurs Franck Puaux et Edmond Hugues. Depuis cette date, tous les ans à l’exception de quelques années de guerre, se tient l’Assemblée du Désert, réunissant 10.000 à 15.000 personnes dans une ambiance à la fois recueillie et joyeusement familiale. Les participants viennent principalement des Cévennes et du Languedoc, mais très nombreux aussi de toute la France et de l’étranger, sous les chênes et les châtaigniers du Mas Soubeyran, pour un culte le matin terminé par la sainte Cène, et des allocutions historiques l’après-midi. Le thème donné pour la journée peut-être directement en rapport avec les anniversaires de l’Histoire protestante (Édit de Nantes en 1998, Période camisarde en 2002-2004,…) mais aussi général dans le protestantisme (L’esprit des psaumes, La Bible, « vous direz à vos enfants »…).

Pour cette année 2023, lors de l’Assemblée qui se tiendra le dimanche 3 septembre, la thématique tournera autour du voyage : « Voyageurs sur la terre » (et la mer) : des huguenots au grand large. Elle permettra de (re)découvrir que les protestants français ne sont pas une espèce confinée dans les déserts des Cévennes. Tout au long de leur histoire, ils se sont tournés vers des espaces libres, au-delà des mers, à la recherche de refuges ou de nouveaux horizons d’évangélisation.

La SMEP, Maurice Leenhardt et les kanak de Nouvelle-Calédonie

Dans son Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil, publiée en 1578, Jean de Léry, rescapé de la Saint-Barthélemy, raconte l’échec d’un rêve qui intéressa Calvin, de fonder une colonie française réformée dans la baie de Rio-de-Janeiro (1557). Vingt ans après l’expédition à laquelle il participa, il relit son voyage sur la mer et parmi les Indiens comme un chemin de conversion au temps des guerres de religion. Mieux connue est l’histoire des réfugiés huguenots de la révocation de l’édit de Nantes (1685), échappés clandestins du royaume, par les routes ou par la mer, vers les Iles britanniques et l’Amérique, la Hollande et l’Afrique du Sud, même les Mascareignes.

De l’histoire de l’ancêtre du Défap : la Société des Missions de Paris, née du mouvement du Réveil, active au Lesotho dès 1833, on retiendra un écho lointain du voyage de Léry : le parcours de conversion du missionnaire et ethnologue Maurice Leenhardt auprès des kanak de Nouvelle-Calédonie, de 1902 à 1950.

Le culte à 10h30 sera présidé par la pasteure Céline Rohmer (Institut protestant de théologie, Faculté de
Montpellier). L’après-midi, on entendra les allocutions historiques des professeurs Frank Lestringant (Paris Sorbonne) et Gilles Vidal (Institut protestant de théologie, Faculté de Montpellier). Le message final sera donné par le pasteur Didier Crouzet, ancien responsable des relations internationales de l’Église protestante unie de France (EPUdF).

 

Informations pratiques :
Mas Soubeyran
30140 Mialet
04 66 85 02 72