Une mission «chrétienne»
Méditation par Christian Baccuet, pasteur EPUdF à Paris, sur Actes 11, 26.
Vitrail d’un temple à Paris : la transparence relie le culte et le monde © Christian Baccuet pour Défap
« C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. »
Actes 11, 26
Qu’est-ce qui détermine qu’une mission est « chrétienne » ? Le récit biblique dans lequel apparaît pour la première fois le terme de « chrétiens » offre quelques pistes de réflexion (Actes 11, 19-30).
À Antioche, un groupe est identifié de manière spécifique et ses membres se voient nommés « chrétiens » par ceux qui les voient. Il ne s’agit pas de nous donner à nous-même des critères d’identité mais d’être disponibles à être reconnus comme disciples du Christ.
Ce groupe est composé de Juifs issus des synagogues et de non-Juifs. Il est fait de mélange, de rencontres, d’inclusion, d’universel et de tensions aussi. Le fruit de la mission, ce sont des croyants d’origines diverses, unis en Christ. Gardons cette articulation entre vraie diversité et unité profonde.
La communauté naissante se structure : Barnabas est « envoyé » par l’Église de Jérusalem pour une visite de communion, Saul est appelé à « instruire », des « prophètes » portent des messages de Dieu, des « anciens » coordonnent la communauté locale. Tous contribuent à la bonne marche de l’Église naissante. À notre tour d’articuler mission, organisation et communion.
Ce sont les événements qui commandent : la persécution, la prison, les disciples en fuite qui sèment l’Évangile, ceux qui les entendent et racontent à leur tour dans leur langue. Et puis, il y a la famine à Jérusalem. C’est la communauté de départ de l’Évangile, et voici que la jeune Église d’Antioche organise une collecte pour venir à son aide.
Comme Barnabas avait été « envoyé » à Antioche, de l’argent est « envoyé » à Jérusalem, premiers jalons de la solidarité et de l’universalité de l’Église. Le partage est un fruit de la mission, geste de fraternité entre communautés dispersées. Nous voilà appelés à être disponibles aux situations qui se présentent, aux appels qui surgissent.
Jusque-là, le livre des Actes rapporte l’histoire de grandes figures, Pierre, Étienne, Philippe. Ici, des quasi-inconnus voire des anonymes, Barnabas, Saul, Agabos, ceux qui arrivent avec l’Évangile à Antioche, ceux qui, entendant la Parole de Dieu, la racontent à d’autres, ceux qui donnent pour le secours des frères et sœurs de Judée. Voilà qui nous rappelle que l’Église c’est nous, chacun dans l’humble quotidien de sa vie.
Le livre des Actes raconte ainsi notre propre histoire. Ou plutôt, il raconte l’histoire du Seigneur avec nous. Car tout cela se vit parce que « la main du Seigneur était avec eux ». C’est l’Esprit qui accompagne, porte, soutient la mission. C’est en cela qu’elle est « chrétienne » !
Prière
Seigneur,
Donne-nous d’être des porteurs joyeux de l’Évangile,
dans le témoignage de la bonne nouvelle pour tous
comme dans les gestes de solidarité concrète,
dans notre communauté locale
comme dans la communion des Églises,
dans l’accueil des appels de nos frères et sœurs
comme dans la disponibilité à ton Esprit.
Que ta main reste avec nous. Amen.
Actes 11, 26