Maïeul Rouquette, servir par les livres et la théologie
Maïeul Rouquette, directeur de la CLCF (Centrale de littérature chrétienne francophone), basée à Strasbourg, évoque dans cet entretien réalisé pour la Fédération protestante de France son travail et les engagements qui le portent. La CLCF a été fondée par le Défap et son homologue suisse, DM, il y a exactement trente ans.
Maïeul Rouquette (deuxième en partant de la droite) lors d’un déplacement au Cameroun © Maïeul Rouquette / CLCF
La Centrale de Littérature Chrétienne Francophone (CLCF) fête ses 30 ans ! Cette association protestante cherche à soutenir les bibliothèques de théologie par des dons de livres et des formations. En effet, dans certains pays, les bibliothèques ont du mal à se procurer certains ouvrages, pour des questions de coût ou d’accès. Cette démarche dit, en creux, l’importance que représente la théologie pour les Églises et la société.
Entretien avec Maïeul Rouquette, docteur en théologie et directeur de la CLCF, qui revient sur ce que lui a apporté son propre parcours en théologie. Il partage les raisons qui l’ont poussé à s’engager dans cette mission, notamment un intérêt marqué pour la solidarité internationale. Maïeul Rouquette nous parle également de l’importance de faire connaître les théologies venant des pays du sud, pour que la CLCF contribue à l’ouverture vers d’autres cultures et vers d’autres façons de penser Dieu.
Ce que fait la CLCF
La Centrale de Littérature Chrétienne Francophone est à la jonction entre les milieux protestants et universitaires de France, de Suisse et de nombreux pays. On retrouve ainsi dans son conseil d’administration Philippe Wasser, représentant de DM et Claire-Lise Lombard, représentante du Défap. La CLCF a une vocation humanitaire : elle appuie la formation théologique et pastorale et représente un service d’entraide à l’intention d’environ 170 institutions de formation théologique. Elle soutient aussi directement les étudiants en théologie. Le champ d’action de la CLCF est large : il couvre en effet l’Océan Indien (Madagascar, Réunion, Maurice), toute l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, le Pacifique (Polynésie française, Nouvelle Calédonie, Fidji) et les Caraïbes. Avec des croisements réguliers avec les activités du Défap : c’est ainsi qu’en Haïti, elle a pu agir sur le terrain via le Défap et la Plateforme Haïti, créée par la Fédération Protestante de France en 2008. On la retrouve aussi, à un moindre degré, dans d’autres pays pas toujours considérés comme francophones, mais où l’on lit et l’on parle du français, comme le Liban.
Un premier service de la CLCF a été mis en place dès 1983 à l’initiative des différents services missionnaires d’Églises protestantes de France (le Défap) et de Suisse romande (DM-échange et mission) pour aider à équiper en livres les instituts théologiques francophones, dans un contexte où les fonds d’ouvrages et de revues manquaient dans les bibliothèques en langue française, en particulier faute de moyens suffisants. Il s’agissait de récupérer revues et ouvrages de théologie dans le Nord et trouver les moyens de les acheminer dans le Sud. Avec des défis logistiques certains : en 2014, ce sont ainsi plus de deux tonnes de revues de théologie qui ont été données par l’Église protestante de Genève, suite à la fermeture du Centre Protestant d’Études de Genève.
Des ouvrages reçus par la CLCF et qui doivent être triés avant d’être envoyés vers des bibliothèques d’Afrique, des Caraïbes ou du Pacifique… © CLCF
Aujourd’hui présidée, depuis l’automne 2015, par la pasteure Claire-Lise Oltz-Meyer (anciennement en poste à Madagascar), la CLCF a su diversifier ses activités au fil du temps, se dotant d’une centrale d’achat, ainsi que d’un service de conseil et de formation en bibliothéconomie. Ce service organise régulièrement des sessions de formation intensive, avec l’aide d’équipes locales. On trouve ainsi à Madagascar la Fabim, la Formation des Auxiliaires de Bibliothèque. Elle propose des formations d’auxiliaire de bibliothèque sur toute l’île et elle supervise le développement des bibliothèques sur une douzaine de campus. On trouve aussi au Cameroun la FibY, la Formation Intensive des Bibliothécaires à Yaoundé, qui après avoir proposé des sessions de formation, s’est étoffée avec un réseau de mutualisation des informations (le Ridoc) et une tournée des bibliothèques. La plus récente de ces équipes locales, la Fabao, la Formation des Auxiliaires de Bibliothèque en Afrique de l’Ouest, propose une formation intensive d’auxiliaires de bibliothèque, ainsi que des visites des bibliothèques dans son champ géographique.