Le jubilé de la Cevaa s’invite dans Perspectives Missionnaires
Le numéro 81 de Perspectives Missionnaires, consacré aux questionnements qui traversent tous les organismes missionnaires aujourd’hui, offre une carte blanche à Omer Dagan, secrétaire exécutif de la Cevaa en charge du pôle Animation et jeunesse, qui évoque les célébrations des 50 ans de la Communauté d’Églises en mission.
Illustration pour le Jubilé de la Cevaa © CevaaL’assemblée générale de la Cevaa – Communauté d’Églises en Mission – se prépare à vivre un moment particulièrement significatif de son histoire. En effet, le temps de son déroulement verra la célébration du cinquantième anniversaire de la Communauté. Le thème qui servira de fil conducteur à toutes les activités de l’assemblée générale et du Jubilé est intitulé : «Cevaa : maintenons la flamme !». Il est inspiré de Luc 12, 35.
Dès la création de la Cevaa, le 30 octobre 1971, les pères fondateurs avaient une ferme volonté, celle d’annoncer la Bonne Nouvelle au-delà de toute frontière. Ainsi vit le jour la Cevaa (Communauté évangélique d’action apostolique), dont la responsabilité est de mener une réflexion continue sur la mission et sur la signification de l’Évangile. Lors du Conseil du 30 octobre 1999 à Nécé (Maré, Nouvelle-Calédonie), les Églises membres avaient décidé de modifier le nom de la Communauté et de la nommer Cevaa – Communauté d’Églises en mission. Ce choix du mot «communauté » renvoie à la théologie de la première communauté apostolique, dont l’utopie constituait un grand rêve d’animer l’Église par la flamme de l’Évangile, en vue de la transformation du monde. Avec les mutations perpétuelles, la Cevaa cherche à maintenir vivante la flamme de son inspiration originelle, de manière à offrir chaleur et lumière à ses contemporains. Comme la ferveur spirituelle de bien des croyants diminue avec le temps, le slogan «Cevaa : maintenons la flamme !» est un encouragement important, pour la Communauté comme pour les Églises, dans leur engagement missionnaire. Il nous donne la possibilité de vérifier la solidité des liens entre Églises membres et de les renforcer.
Une flamme, c’est quoi ?
Une flamme est une réaction de combustible qui est à l’origine de la production du feu. Elle produit de la chaleur et émet en général de la lumière. La flamme dégage une puissance d’action : faire rougir le fer, cuire les aliments, combattre le froid, éclairer un chemin. Dans le langage biblique, la flamme symbolise la présence de Dieu, la Parole de Dieu, la présence du Saint-Esprit. La flamme de Jésus dans le monde, c’est donc le feu de l’Esprit-Saint gagnant de proche en proche, purifiant tout, embrasant tout, illuminant tous les hommes. C’est l’Esprit-Saint qui allume la foi dans le cœur des hommes grâce à la parole portée jusqu’au bout du monde par les témoins de Jésus. C’est pourquoi aujourd’hui la parole de Jésus vient nous réveiller dans notre lassitude, comme la flamme toujours impatiente de se communiquer.
Quelques manifestations de la flamme au sein de la Cevaa
Omer Dagan, secrétaire exécutif de la Cevaa en charge du pôle Animation et jeunesse © CevaaLa Cevaa a une « flamme », une volonté, celle de la mission. Celle-ci nous a été transmise depuis 1971. C’est la flamme de la foi, de l’amour et du partage dont le slogan fondateur est : «Tout l’Évangile à tout l’Homme». L’objectif est de vivifier l’Église par le dynamisme des communautés, de mettre ensemble nos moyens, nos talents et nos atouts au service de l’évangélisation. La flamme allumée par les Pères fondateurs ne s’est pas éteinte. Elle s’est manifestée et se manifeste encore dans des domaines spécifiques bien visibles : la formation et les bourses, l’animations théologique, la jeunesse, les programmes et projets missionnaires, les échange de personnes, les actions communes, la solidarité dans le domaine de la santé etc.
Défis et interpellations
Aujourd’hui, la Communauté semble éprouver certaines difficultés : l’usure du temps, une certaine fatigue, de la lassitude ? Par ailleurs, nous vivons dans un monde globalisé, avec une globalisation dont le processus se poursuit à un rythme rapide et dont les effets se font sentir profondément dans tous les domaines de notre vie : social, spirituel, culturel, économique et politique. Dans ce contexte, le thème «Cevaa : maintenons la flamme !» nous place face à plusieurs défis.
Sur le plan spirituel, nous sommes appelés à maintenir la flamme de l’unité et du vivre-ensemble dans la diversité. Le vivre-ensemble nous rappelle que la Cevaa n’est pas un conseil d’Églises qui siègent côte à côte, ni une conférence d’Églises qui se consultent. Elle est une communauté d’Églises en communion les unes avec les autres. Il est donc essentiel de faire croître l’unité et l’esprit de communauté dans nos Églises et entre les Églises membres de la Cevaa.
Sur le plan matériel, il s’agira de promouvoir une catéchèse financière. Aujourd’hui, le visage des Églises est profondément modifié par des difficultés liées à la survie économique. La contribution des Églises baisse d’année en année, ce qui amène à penser que l’engagement faiblit. Il est vrai, l’argent n’est pas d’abord ce qui constitue le vivre-ensemble de la Communauté, mais les Églises doivent parvenir à s’interpeller les unes les autres sur la question des ressources matérielles.
Relever le défi du dialogue et de l’interculturalité sera un troisième axe essentiel. Nos sociétés, autrefois plutôt homogènes, sont confrontées à l’exigence croissante de nombreux modèles de pluralité : des cultures différentes se côtoient au quotidien. Le dialogue, les échanges étant les maîtres-mots de la Communauté, il nous faut, si nous voulons maintenir la flamme, approfondir le travail sur ce terrain.
Enfin, les questions liées à l’environnement occuperont une place considérable. Le monde dans lequel nous vivons a été créé par Dieu ; celui-ci l’a confié aux êtres humains pour qu’ils l’entretiennent et le conservent d’une manière agréable et confortable pour tous. Mais l’homme a empoisonné la création ; ses atteintes à l’environnement contribuent à la détérioration de la situation sanitaire mondiale et aggravent les catastrophes naturelles. Nous sommes tous face à une véritable menace pour la survie de l’humanité. Nous avons à en prendre conscience pour habiter autrement la création. L’éducation tiendra là un rôle majeur.
Envisager l’avenir
Commémorer le cinquantième anniversaire de la Cevaa est pour les Églises membres un motif de joie, de louange et d’action de grâce au Seigneur pour une histoire faite de rencontres, d’engagements, de réalisations à sauvegarder, entretenir et maintenir. Après cinquante ans de témoignage, il nous faut envisager l’avenir avec beaucoup de réalisme, de persévérance, de solidarité et de courage, dans la poursuite de la mission «de partout vers partout».
Développer avec les Églises l’esprit communautaire, maintenir notre compréhension de l’appel à servir la foi, à promouvoir la justice, à dialoguer avec les cultures et les autres religions à la lumière de la vocation apostolique, telles sont les tâches qui nous attendent. «Cevaa, maintenons la flamme !» remet chacune de nos Églises en face de ses responsabilités. «Tenons donc ferme : ayons à nos reins la vérité pour ceinture ; revêtons la cuirasse de la justice ; mettons pour chaussures à nos pieds le zèle que donne l’Évangile de paix ; prenons par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel nous pourrons éteindre tous les traits enflammés du malin» (Eph. 6, 13).
Il ne reste plus qu’à souhaiter le meilleur à la Cevaa, à ses Églises membres, pour la mission des prochaines décennies.