Nul n’est prophète en son pays !
Jésus quitta cet endroit et se rendit dans la ville où il avait grandi ; ses disciples l’accompagnaient. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Ses nombreux auditeurs furent très étonnés. Ils disaient : « D’où a-t-il tout cela ? Qui donc lui a donné cette sagesse et le pouvoir d’accomplir de tels miracles ? N’est-ce pas lui le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Et ses soeurs ne vivent-elles pas ici parmi nous ? »
Et cela les empêchait de croire en lui.
Alors Jésus leur dit : « Un prophète est estimé partout, excepté dans sa ville natale, sa parenté et sa famille . »
Jésus ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il posa les mains sur quelques malades et les guérit. Et il s’étonnait du manque de foi des gens de sa ville. Marc 6,1-6
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Que Jésus désire retourner à Nazareth, qui est son village, semble naturel. Qu’il se rende à la synagogue où il a reçu son éducation juive relève d’un sentiment que l’on peut vraiment comprendre. Qu’il s’avance pour les lectures et le commentaire afin de faire profiter les siens de son enseignement et de ses dons, là encore nous entendons pleinement sa démarche.
Et pourtant dira-t-il, comme s’il le savait déjà à l’avance, « nul n’est prophète en son pays. »
Mais justement, c’est sans doute là que le bât blesse. Ce n’est pas en rabbi, en commentateur de la loi que Jésus intervient mais sur un ton prophétique. L’évangéliste Marc ne l’explicite pas, mais Matthieu et Luc le font, en citant même les versets d’Esaïe que proclame Jésus. Cette lecture est celle que l’on appelle la haftara (qui signifie ouverture) dans l’office synagogal.
L’autorité singulière de Jésus étonne ceux qui le côtoient depuis toujours. Comment imaginer que celui que l’on croit connaître par cœur soit devenu ce quasi inconnu qui accomplit et annonce des choses si surprenantes, et bientôt dérangeantes ?
Ne peut être prophète en son pays que celui qui caresse les aspirations, les rêves, les fantasmes des siens dans le bon sens, celui que la Bible qualifie souvent de faux-prophète comme ce fut le cas pour Hanania opposé à Jérémie.
Le vrai prophète porte et incarne la Parole de Dieu et cette Parole est tranchante ! Elle dévoile la vérité et le mensonge, décrie tous les abus de pouvoir et appelle à la justice et à l’amour, renverse l’ordre établi quand nécessaire et dénonce le mensonge des idéologies, si belles qu’elles puissent paraître.
A sa famille, à ses voisins, aux gens de Nazareth comme aux autres Jésus ne veut offrir que la vie, la joie, la liberté des enfants de Dieu. Comment ne s’étonnerait-il pas à son tour du manque de confiance des gens de sa ville ?
Saliba Douaihy Peintre libanaise ( 1915-1994)
Nous prions pour nos envoyés au Liban et pour tout le peuple libanais.
Dis-leur ce que le vent dit aux rochers…
Dis-leur ce que le vent dit aux rochers, ce que la mer dit aux montagnes.
Dis-leur qu’une immense bonté pénètre l’univers.
Dis-leur que Dieu n’est pas ce qu’ils croient
Qu’il est un vin que l’on boit,
Un festin partagé
Où chacun donne et reçoit.
Dis-leur qu’Il est le joueur de flûte
Dans la lumière de midi.
Il s’approche et s’enfuit bondissant vers les sources.
Dis-leur que sa voix seule peut t’apprendre ton nom.
Dis-leur son visage d’innocence, son clair-obscur et son rire.
Dis-leur qu’il est ton espace et ta nuit, ta blessure et ta joie.
Mais dis-leur aussi qu’il n’est pas ce que tu dis et que tu ne sais rien de lui.
En complément de cette méditation, retrouvez l’explication du texte biblique de Marc 6,1-6 par Florence Taubmann, répondant aux questions d’Antoine Nouis pour Campus Protestant :