Comprendre la patience de Dieu !
A ce moment-là, quelques personnes qui se trouvaient là racontèrent à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mélangé le sang avec celui de leurs sacrifices. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont subi un tel sort ?
Non, je vous le dis. Mais si vous ne changez pas d’attitude, vous périrez tous de même. Ou bien ces 18 personnes sur qui la tour de Siloé est tombée et qu’elle a tuées, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem?
Non, je vous le dis. Mais si vous ne changez pas d’attitude, vous périrez tous de même.» Il dit aussi cette parabole: « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et il n’en trouva pas. Alors il dit au vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier et je n’en trouve pas. Coupe- le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?’
Le vigneron lui répondit : ‘Seigneur, laisse-le encore cette année ! Je creuserai tout autour et j’y mettrai du fumier.
Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas.’ »
Luc 12,1-9
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Quelle expression dérangeante que celle de « victime innocente » ! Le fait d’être victime ne suffit-il pas à éveiller la compassion, qu’il faille affirmer haut et fort l’irresponsabilité radicale du malheureux dans le malheur qui lui arrive ? Et tous les êtres humains ne sont-ils pas pécheurs devant Dieu ? N’obtiennent-ils pas tous miséricorde quand ils se tournent vers lui ?
Les galiléens de notre récit sont persécutés par Pilate et non punis par Dieu. Les 18 personnes écrasées par la tour de Siloé sont victimes d’un terrible accident, et non des foudres du ciel.
Comment conjuguer cette affirmation rationnelle avec notre foi, qui nous conduit peut-être à voir partout la main de Dieu ?
Jésus nous invite à nous situer devant Dieu, non terrassé par une peur superstitieuse qui lui ferait offense, mais debout, dans la confiance de l’enfant demandant à son Père de l’aider à vivre comme il faut. Et si c’est difficile de passer de la peur à la confiance tant la crainte du malheur et le sentiment de culpabilité nous obsèdent, sachons pourtant que cette confiance est le seul chemin qui conduise à la vie.
Et Dieu prend le temps de nous attendre sur ce chemin, comme il donne du temps au figuier de la parabole pour qu’il produise du fruit. Mais pressons le pas, la vie est si courte !
Nous prions pour nos envoyés de Tunisie et pour le peuple tunisien, avec ces mots de Cyprien de Carthage, père de l’Eglise du 3ème siècle :
« Quelle immense patience en Dieu !
Nous voyons,
Par un effet de sa Patience égale et sans faille pour les coupables et pour les innocents,
Pour les gens pieux et pour les impies,
Pour ceux qui témoignent de la reconnaissance et pour les ingrats,
Sur un Signe de Dieu les saisons obéir, les éléments accomplir leur service, les vents souffler, les sources couler, les moissons croître en abondance, les raisins de la vigne mûrir, les arbres se charger de fruits, les bois se couvrir de feuilles, les prés de fleurs.
Et bien que Dieu soit douloureusement affecté par nos péchés fréquents, – que dis-je ? continuels,
Il maîtrise son Indignation et attend patiemment le jour de la rétribution,
Fixé d’avance une fois pour toutes.
Et bien qu’il tienne la vengeance en son pouvoir
Il préfère conserver longtemps la patience, pour que, si possible,
La méchanceté, à force d’avoir duré, se transforme un jour
Et que l’homme, après s’être vautré dans les égarements et les crimes contagieux, revienne à Dieu :
« Je ne veux pas la mort de celui qui meurt, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18, 32).
Frères très aimés, la Patience est un attribut de Dieu, et quiconque est bon, patient et doux imite Dieu le Père !
Amen. »
Saint Cyprien de Carthage (200-258)
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