Eglise protestante de Djibouti : une double actualité
Du 1er au 15 octobre 2015, l’actualité aura été double à l’Eglise Protestante de Djibouti : elle aura associé le début d’une formation qui s’adresse aux handicapés djiboutiens (Anglais, Informatique), et le chantier de rénovation de la façade du temple. Une coïncidence parlante à y regarder de près.
Jeunes suivant la formation DR
En effet, qu’est-ce que rénover une façade? En français, le mot “façade” est piégé. Il évoque le masque, le jeu des apparences, que nous comprenons en les opposant à ce qui se passe “derrière la façade”. Le sens de la rénovation entreprise était différent. Il m’a été donné par les jeunes handicapés djiboutiens qui passaient chaque jour devant le chantier pour rejoindre leur salle de classe. Je les saluais et ils me disaient bonjour ainsi chaque jour. Pour garder leur souvenir, je leur ai demandé vers la fin de mon séjour de pouvoir les prendre en photo.
Quelques-uns hésitèrent, mais beaucoup acceptèrent avec joie. Je pense qu’il n’est pas facile pour un handicapé d’être pris en photo, mais dans ce lieu où ils étaient considérés au-delà de leur handicap par l’équipe de l’EPED*, la photo devenait l’expression d’un lien rénové en quelque sorte. Apparaître sur une photo répondait sans doute pour eux à une réelle considération qu’ils recevaient dans l’église.
On est loin ici du masque, du jeu de représentation et du mot “façade” comme il est compris en français. La représentation – ici la photo – est un lien, un attachement, une réponse, une participation qui engage et qui fait confiance.
C’était vrai pour eux et c’était vrai pour notre chantier aussi : rénover la façade du temple signifie rénover un lien avec les autres dans cette ville, une considération pour les autres qui engage l’Eglise tout entière.
Le chantier, DR
Les passants dans la rue ont vu chaque jour ces handicapés entrer par le portail toujours entre-ouvert, et, par le même portail entrebâillé, ils ont vu le chantier de rénovation de l’ancienne façade fissurée : il y a avait là une parabole vivante sur ce qu’est l’Eglise, sur sa manière de s’inscrire dans la ville et sur la part qu’elle prend dans cette société musulmane.
Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont rendu ce chantier possible par leurs dons ! La phase suivante, d’ici la fin 2015 nous l’espérons, sera de rénover la toiture. La communauté locale, qui s’est fortifiée au cours de ces dernières années, a l’intension de s’y investir au maximum de ses moyens ; elle se structure pour cela. Continuons à soutenir cette communauté et ce lieu de rayonnement unique dans l’Est de l’Afrique !
Nicolas Westphal
L’architecte du projet de rénovation
* Église protestante évangélique de Djibouti