Les Rameaux à Bangui, Pâques à Paris…

La Passion de Bangui
Je rentre de Bangui en République centrafricaine.

En 2013-2015 ses habitants ont vécu l’abomination de la désolation établie là où elle ne doit pas être (Evangile de Marc 13.14) : la ville mise à sac, des milliers de victimes, des quartiers ravagés, des centaines de milliers de déplacés.

Ce fut la désolation du Jeudi Saint, quand la trahison s’annonce (Marc 14.10-11), le drame du Vendredi Saint, lorsque le Juste est frappé, jugé, condamné (Marc 15.11-15).

La violence pure s’est calmée à Bangui, elle règne toujours en province.

Les Rameaux à Bangui
J’ai participé au culte des Rameaux à l’Eglise protestante du Christ Roi.
C’était dimanche dernier, nous fêtions l’entrée de Jésus à Jérusalem (Marc 11.1-10). Les enfants dansaient, les chorales chantaient, la pasteur banguissoise prêchait l’espérance, l’aumônier français baptisait deux bébés. Il faisait chaud, les enfants couraient partout, les oiseaux piaillaient dans les arbres… un beau dimanche de fête.

 

Culte des Rameaux, temple de Bangui, 2017, DR

 

Des naissances à Bangui
Nous logions dans la Communauté des Béatitudes.
Des religieux, des religieuses vivent là sur un grand terrain cultivé entouré de murs. Tout est paisible aujourd’hui. Mais lors des évènements, plus de trente mille personnes y ont trouvé refuge dix-huit mois durant. Ils se sont installés partout sous des abris de fortune, dans les couloirs, dans le poulailler, dans les vergers. Il a fallu les nourrir, apporter de l’eau, les soigner, éliminer les déchets… « Pas un mort en dix-huit mois, zéro dysenterie » m’a dit le Père supérieur mais « nous avons eu quatre cents accouchements ».

Les réfugiés sont rentrés maintenant dans leurs quartiers : ils étaient hier « déplacés » on les appelle aujourd’hui « retournés ».

 

Ecole Sica III, Bangui, 2017, DR

Pâques à Paris et à Bangui
À Bangui et à Paris nous vivons le week-end de Pâques. Sur les pas du Christ, Jésus de Nazareth, acclamé puis vilipendé, crucifié et vivant nous marchons ensemble, en ce temps de Pâques. Nous partageons la même vie désolante et joyeuse, les mêmes terreurs, les mêmes attentes. Nous prierons les uns pour les autres. Nous chercherons la fraternité, seul signe d’éternité que Dieu nous donne, en la personne de Jésus, le Christ. Et nous relirons ces deux derniers versets de l’Evangile de Marc : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents… Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les signes qui l’accompagnaient.

 

Jeune fille dans la Communauté des Béatitudes, avril 2017, DR

 

 

Bertrand Vergniol, pasteur
Secrétaire général du Défap, Service protestant de mission.

 

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