« Si un frère ou une sœur n’ont pas de quoi se vêtir et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un de vous leur dise : « Allez en paix, tenez-vous au chaud et mangez à votre faim » sans leur donner ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela servirait-il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas d’œuvres, elle est morte en elle-même. » Jacques 2,15-17

Dans son enseignement le maître pharisien Hillel posait ainsi la question de l’amour du prochain comme de soi-même : « Si tu ne prends pas soin de toi, qui le fera, mais si tu ne prends soin que de toi, qui es-tu ? Et si ce n’est maintenant, quand ? »

 

Catherine Booth & William Booth (Source : Wiki Commons)

« Le plus vite possible », répondit l’Armée du Salut, cette grande œuvre qui va fêter ses 150 ans ce dimanche 13 septembre 2015. Elle fut fondée en 1865 en Angleterre par un pasteur méthodiste et son épouse, William et Catherine Booth, qui, voyant la misère urbaine se développer en même temps que l’industrialisation, prirent conscience qu’ils ne pouvaient rester enfermés dans leur Eglise, mais qu’il fallait au contraire sortir, écouter et soulager les détresses des plus déshérités tout en leur redonnant dignité et espérance d’une vie meilleure. D’où les fameux trois S sur lesquels se fonde le travail des salutistes : Soupe – nourriture, Savon – dignité, Salut – vie spirituelle.

La force de cette vie spirituelle, quand on songe au rôle prépondérant de la musique dans la vie de l’Armée du Salut, c’est la joie : une joie profonde, éclatante, généreuse, la joie du service du prochain. Pas de foi sans œuvres de foi, nous dit Jacques, pas d’amour sans témoignages d’amour. Il en va de l’identité et de la cohérence chrétiennes.

Implantée en France depuis 1881, l’Armée du Salut s’est impliquée auprès des personnes en difficulté, créant notamment les « foyers du soldat » au cours de la première guerre mondiale. Elle s’est beaucoup développée entre les deux guerres en fondant de grandes institutions sociales, par exemple le Palais de la Femme à Paris. Elle a aujourd’hui élargi ses activités en direction de la jeunesse, avec des maisons d’enfants, des centres d’apprentissage, de prévention, d’aide aux handicapés …

Dans la droite lignée de la lutte contre toutes les formes d’exclusion, la Fondation de l’Armée du Salut en France accueille et accompagne également tout au long de l’année des milliers de migrants au sein de ses établissements, notamment aux centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) du Havre et de Belfort.

 

Fanfare de l'Armée du Salut, Source : Pixabay

Fanfare de l’Armée du Salut, Source : Pixabay

 

Avec beaucoup d’humilité nous pouvons nous inspirer de ces mots douloureux et courageux de William Booth :

« Tant que des femmes pleureront, je me battrai

Tant que des enfants auront faim et froid, je me battrai,

Tant qu’il y aura un alcoolique, je me battrai,

Tant qu’il y aura dans la rue une fille qui se vend, je me battrai,

Tant qu’il y aura des hommes en prison, et qui n’en sortent que pour y retourner, je me battrai,

Tant qu’il y aura un être humain privé de la lumière de Dieu, je me battrai,

Je me battrai,

Je me battrai,

Je me battrai. »

William Booth, 9 mai 1912

 

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