« Avant de partir, j’avais fait trois ans de formation pour obtenir un diplôme d’ergothérapeute. L’envie de partir à l’étranger pour une mission humanitaire m’a toujours intéressée. Je me disais que ce n’était peut-être qu’un rêve et que je n’aurais peut-être pas le courage de le faire. Le désir de changement et le besoin de rencontrer m’ont fait avancer dans mes choix concernant mon projet de vie.
Une de mes amies, Eline, était partie au Caire en 2014. Elle m’a confortée dans l’idée de choisir le Défap, car la formation au départ était complète et que l’accompagnement durant la mission était continu. J’ai donc décidé de partir en mission VSCI. J’avais déjà voyagé, j’étais partie au Mexique et au Maroc. L’Afrique était un continent qui m’attirait beaucoup et j’avais envie de découvrir cette culture. Lorsque Laura, la responsable des envoyés, m’a parlée de cette mission en République du Congo, j’ai tout de suite postulé. »

 

Arrivée à Brazzaville

« J’ai débarqué à Brazzaville un vendredi, le 9 septembre 2016. L’objectif de la mission était d’apporter un « appui à un projet de santé communautaire ». Tout s’est dessiné une fois sur place. J’ai défini mes tâches en harmonisant les besoins du département santé de l’EEC et mes compétences professionnelles. Aujourd’hui, je collabore au dépôt pharmaceutique et parallèlement à cela je tente de réduire les situations de handicap que rencontrent des enfants, des femmes, des hommes et des personnes du troisième âge. Mon travail de rééducation s’effectue à deux endroits. D’un côté je suis la seule avec une formation professionnelle paramédicale dans un des centres médico-sociaux de l’EEC et de l’autre je travaille en collaboration au sein d’une équipe dynamique de kinésithérapeutes ! »

 


Salomé Fels avec l’équipe du centre médico-social de l’EEC, DR

 

Une mission incroyablement riche

« Début octobre, j’ai été rejoint par Marine puis Jennifer avec qui je partage mon quotidien et certaines missions au sein du département santé. Seule c’est bien mais à plusieurs c’est encore mieux !

Parallèlement à mon engagement au sein du département santé de l’EEC, j’ai souhaité donner de mon temps et de ma personne dans une association locale. Ainsi je suis bénévole à L’Œuvre Notre-Dame des Veufs et Orphelins du Congo (ONDV&OC). Cette association, qui oeuvre pour la solidarité, vient en aide aux populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie. Dans un autre contexte, ce projet associatif me permet de m’investir différemment dans la vie Congolaise.

Depuis mon arrivée, je suis vraiment heureuse ! Je pense « qu’être heureux ce n’est pas avoir un ciel sans tempête, une route sans accident de la circulation, un travail sans fatigue, relations sans désillusions. Être heureux c’est trouver la force dans le pardon, l’espoir dans les batailles, la sécurité sur la scène de la peur, l’amour dans les désaccords. » Mon arrivée me parait tellement loin et, en même temps, je me rappelle exactement dans quel état d’esprit je me sentais, intriguée par l’inconnu, stressée et paradoxalement apaisée. Je ne savais pas à quoi m’attendre en choisissant de partir pour de nouveaux horizons, mais je me souviens qu’un ami m’avait dit ceci, « tu n’as rien à prouver à personne ». C’est ce qui m’a portée pour ce nouveau départ ! A postériori, il me semble que la générosité, l’accueil et la bienveillance des gens que j’ai pu rencontrer (voisins, collègues de travail, acolytes des cours de danse, membres de l’Eglise) ont énormément contribué à ce que je me sente bien ici, avec eux et parmi eux.

 


Salomé pendant sa mission, DR

 

Professionnellement, mes missions ont évolué, les relations avec les patients que je prends en charge aussi, et avec mes collègues nos relations se sont endurcies, et même approfondies. Bref, de manière générale, chaque jour est différent et je m’efforce de prendre le temps d’être là aujourd’hui et maintenant pour accompagner chaque personne que je rencontre dans ma mission, même si on doit accepter de faire face à quelques obstacles de temps en temps.

Avant la fin de ma mission, j’aimerais créer des affiches avec pictogrammes et images pour parler de la prévention du dos, en expliquant quelles positions adoptées, quels exercices d’étirement et de musculation il est possible d’effectuer au quotidien … Etant donné le nombre important de cas de lombalgies ici, je souhaiterais sensibiliser les personnes atteintes et leur entourage. Le lieu s’y prête puisque les bancs où attendent les patients et un lieu de passage et d’échange. »

 


Salomé Fels et le Dr Ponguy-Kinanga, DR

 

Des évènements marquants

« Depuis que je suis en République du Congo, j’ai été marquée par de nombreux cultes auxquels j’ai pu assister. Je viens de Normandie. Dans ma petite paroisse, perdue dans les collines normandes, nous sommes en moyenne quinze personnes. Alors imaginez-vous arriver dans un énorme temple d’où le son des chants rythmés résonne jusque dans la rue, avec des fidèles qui sont là pour vous placer à votre arrivée ? C’est incroyable ! Ce qui m’aura le plus marquée pendant les cultes restera les prédications, qui pour ma part me semblent moralistes plutôt qu’instructives, à condamner l’Homme pour ses péchés sur terre plutôt que de proposer une réflexion sur comment faire raisonner la parole de Dieu dans notre vie.

J’ai été aussi très touchée lorsque, pour la première fois et après avoir longuement discuté avec quelqu’un, au moment de se quitter celle-ci m’a dit « on est ensemble ». Convergence harmonieuse de mots pour témoigner des retrouvailles qui suivront prochainement cette séparation. C’est une belle expression.

Mais je pourrais aussi vous dire que ce qui m’a marquée c’est lorsqu’une maman a refusé que je prenne en charge son enfant, au centre de polio, parce que j’étais blanche ou encore lorsque j’ai gouté un safou, fruit ressemblant à une olive citronnée que j’aime beaucoup. Cette expérience est vraiment riche ! C’est tellement agréable d’être dérangée, de sortir de ses habitudes pour aller rencontrer l’Autre dans sa différence et se dire combien une simple rencontre est pleine de richesses.

En me retournant sur le chemin déjà parcouru je me rends compte que j’ai plus reçu que je n’ai donné, que jusque-là mes savoirs-être ont primé sur mes savoir-faire … et parfois quand je me questionne sur ce que deviendra cette mission à mon départ, si je vais laisser une trace, je me dis qu’il vaut peut-être mieux partager « d’abord qui nous sommes avant de partager ce que nous avons ».

Je sortirai enrichie de cette expérience qui m’a appris à vivre et apprécier chaque instant présent, à être là. Et j’ose croire, tel N. Mikhalkov, que « tant que nous saurons aimer nous vivrons longtemps et heureux » ! »

 

Pour la deuxième année consécutive, le Défap envoie des volontaires au département santé de l’EEC. Le recrutement pour la rentrée 2017-2018, pour l’envoi de deux autres personnes, est déjà en cours. Si vous souhaitez envoyer votre candidature, contactez-nous par mail :  envoyes@defap.fr

 

 

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