Vue du chantier du temple de Djibouti, un projet aujourd’hui achevé, porté de longues années par le Défap © Défap

Le synode missionnaire de DM-échange et mission, l’homologue suisse du Défap, qui s’est tenu le 9 juin à Sornetan, est révélateur des transformations et des interrogations qui travaillent le monde de la Mission. Derrière le renouvellement des instances et l’approbation des comptes, cette réunion, équivalent d’une assemblée générale, a été placée sous le signe d’une profonde réflexion sur l’avenir du département missionnaire des Églises protestantes de Suisse romande. DM-échange et mission a lancé depuis des mois un grand chantier de redéfinition de ses objectifs et de ses priorités. Travail dont les premiers résultats devaient alimenter les débats lors du synode missionnaire de juin ; mais comme l’avait annoncé Étienne Roulet, président de DM, peu avant la date du rendez-vous, l’ampleur de la tâche nécessite plus de temps de réflexion. C’est en novembre que seront présentés les divers scénarios envisagés d’évolution de DM-échange et mission. En ce sens, ce 116ème Synode missionnaire aura été, comme l’a noté Laurent Venezia, qui fait partie du Colloque de direction, «un synode de transition».

Les interrogations sont, notamment, d’ordre financier, dans un contexte de restrictions budgétaires qui touche largement les Églises de Suisse, mais avec des implications qui interrogent plus largement le fonctionnement d’un service missionnaire. Comme le souligne Laurent Venezia en se félicitant de «la confiance apportée au travail du Conseil et du Secrétariat», les comptes et le rapport d’activité ont été adoptés à l’unanimité. Le synode missionnaire de Sornetan a d’ailleurs permis de présenter le premier exercice à l’équilibre depuis 7 ans. Mais cet équilibre a été obtenu en partie grâce à des placements financiers, et grâce à une forte diminution des dépenses, parallèle à la diminution des recettes. Derrière l’unanimité du vote, les réflexions sur les pistes à envisager pour le département missionnaire des Églises de Suisse romande étaient bien là, alimentées par une conférence de l’historien et missiologue Jean-François Zorn, ancien secrétaire général du Défap, sur le thème : «La mission de partout vers partout : les temps sont-ils mûrs ?».

Rencontres et réflexion en équipe

Avant DM-échange et mission, d’autres organismes missionnaires ont ainsi été amenés à s’interroger profondément sur leur fonctionnement et leurs objectifs. La Mission s’est construite dans des contextes historiques donnés, à travers des destins individuels et des institutions, a permis de nouer des liens entre Églises par-delà les frontières… DM-échange et mission est né en 1963 ; la Cevaa et le Défap ont été créés en 1971 à partir d’un ancêtre commun, la SMEP (Société des Missions Évangéliques de Paris). Une période alors marquée par de grands bouleversements à l’échelle internationale, et notamment par le contexte de la décolonisation, qui a profondément influé sur l’identité et les objectifs de ces nouveaux organismes missionnaires. Or ce contexte a beaucoup évolué. Dans un monde devenu de plus en plus mouvant, plus mobile, où l’apparente dilution des frontières masque mal l’émergence de nouvelles lignes de fracture, quelles formes la Mission doit-elle prendre ?

Au Défap, le chantier est lancé depuis de nombreux mois. Certaines étapes sont bien visibles et identifiables : ainsi, au cours du mois de mars 2018, le président du Service protestant de mission appelait lors de son message d’ouverture de l’Assemblée générale à une «refondation». D’autres sont plus discrètes, comme les rencontres entre organismes missionnaires : au début du mois de mai a ainsi eu lieu à Sète une rencontre entre les Secrétariats de la Cevaa – Communauté d’Églises en Mission, du Défap, et de DM-échange et mission. Deux mois auparavant, c’est à Strasbourg et à l’initiative de l’UEPAL (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine), que s’était déroulée une autre rencontre à laquelle participait le Défap avec quatre organismes missionnaires : la mission de Hermannsburg, Mission 21, la Société luthérienne de mission, l’Action Chrétienne en Orient. Son thème : «Mission, aide au développement, solidarité internationale… le cœur de métier des œuvres et comment l’appeler aujourd’hui». Au cours des mois écoulés, le Défap a également eu l’occasion de recevoir des représentants de la mission norvégienne. Moins visible encore, mais fondamental, est le travail de réflexion qui se déroule depuis des mois au Défap, et auquel tous les permanents de l’équipe sont associés. Organisation du travail, synergies entre les services, articulation entre la Mission au près et la Mission au loin : tous les thèmes sont abordés.

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