A gauche, le temple de Mont-de-Marsan, place Pancaut ; à droite, l’église Saint-Vincent-de-Paul – DR

Si la semaine de prière pour l’unité des chrétiens donne l’occasion de multiplier les rencontres et les échanges œcuméniques, ou les célébrations en commun, c’est tout au long de l’année que les relations se tissent entre communautés. Si entre Églises, les différences et les divergences demeurent, au niveau des paroisses les contacts sont fréquents et l’entraide est souvent naturelle. Les problèmes d’ordre pratique et la pression d’une société fortement sécularisée font parfois plus pour les relations œcuméniques que les débats théologiques. On s’invite pour un repas. On partage une salle.

Mont-de-Marsan, préfecture des Landes, est typique de ces villes où les communautés chrétiennes se sont rapprochées de manière naturelle. On y trouve une paroisse de l’Église protestante unie, petite communauté avec en son sein un groupe malgache actif, qui anime une chorale ; une communauté méthodiste, une communauté des Assemblées de Dieu (ADD), une paroisse catholique… Les réformés sont présents depuis fort longtemps (la terre des Landes a beaucoup souffert des huit guerres de religion successives) : Marguerite de Navarre a séjourné souvent à Mont-de-Marsan, son «ermitage», et la ville et ses environs ont eu plusieurs nobles tôt convertis au protestantisme comme Jehan de Mesmes ou Rolland de Chauveron. Les protestants montois se réunissaient alors au Château Vieux pour leurs cultes et ont dû attendre 1870 pour avoir leur propre temple, construit grâce aux dons de la communauté avec le soutien des Églises de Hollande et d’Écosse, sur le terrain d’un magasin détruit par un incendie…

Les communautés se serrent les coudes

Appel à la solidarité :
  Suite à l’effondrement du plafond du temple de Mont-de-Marsan, la paroisse des Landes vous remercie de vos dons. Merci de libeller vos chèques à l’ordre d’EPUL (Église Protestante Unie des Landes).
  Contacter le pasteur FABRICE BENOIT, 39bis rue Joseph de Laurens 40100 DAX (mail) ou la trésorière Madame ROSE DURANTOU 10 rue Jules Ladoumègue 40140 MAGESCQ.
  Plus d’informations sur le site paroissial.

Mais les guerres de religion sont loin. Le vieillissement de la communauté et de longues années sans pasteur ont eu sur les anciens réformés, désormais membres de l’EPUdF, une influence abrasive qui pousse aujourd’hui plutôt au rapprochement avec les autres Églises. «Nous avons d’excellentes relations avec la paroisse catholique et avec son curé, Benoît Marchal», témoigne le pasteur actuel, Fabrice Benoît, venu de l’UEPAL (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine).

Lors de la journée organisée pour l’accueillir en octobre 2017, étaient ainsi invités l’administrateur apostolique du diocèse d’Aire et Dax, les curés de Dax et de Mont-de-Marsan, le pasteur de l’Église méthodiste… Fabrice Benoît songe à présent à relancer une association réunissant toutes les confessions chrétiennes de la ville, «Bible et Culture», quelque peu tombée en sommeil ces dernières années.

Les dégâts subis par le temple de Mont-de-Marsan – © Fabrice Benoît

Il a pourtant des soucis plus immédiats. Car le temple de Mont-de-Marsan a subi de gros dégâts pendant les vacances de Noël. Une partie du faux plafond s’est effondrée, victime d’infiltrations sans doute aggravées par les récentes intempéries. Le désastre n’a été découvert qu’aux premiers jours de janvier, au moment de préparer le culte malgache. En attendant le passage de l’expert des assurances, il a fallu trouver une solution d’urgence pour assurer les célébrations. «La paroisse catholique nous a proposé d’utiliser une salle située sous l’église Saint-Vincent-de-Paul de Mont-de-Marsan. La chose s’est faite de manière toute naturelle, nous n’avons même pas eu à demander», souligne Fabrice Benoît.

Mais il faut songer à réparer, reconstruire, et la paroisse protestante n’est pas riche. Fabrice Benoît a déjà lancé un appel aux dons et anticipe : «pour nous, ce sera forcément un gros choc financier». La solidarité naturelle, l’œcuménisme en action au quotidien ne résolvent malheureusement pas tout. Pourtant, comme Fabrice Benoît le souligne dans l’appel lancé sur le site paroissial, «il va falloir se serrer les coudes. C’est un test pour la communauté mais nous avons l’habitude de ne pas baisser les bras.» Un test de plus : quatre ans plus tôt, c’est le temple de Dax qui s’était retrouvé inondé suite à la crue du fleuve Adour…

Franck Lefebvre-Billiez

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