Une image de la mission d’Anne-Sophie Dentan-Verseils (à gauche sur la photo) au Cameroun © Anne-Sophie Dentan-Verseils pour Défap

Être aumônier, au Cameroun, est un ministère mal reconnu et peu valorisé. Manque de formation, de soutien, manque d’un cadre institutionnel précisant les attributions des aumôniers et les contours de leur mission… De manière générale, au sein des Églises camerounaises, l’aumônerie est un domaine qui reste à développer. Une situation qui est en cela comparable à celle que connaissent de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest… Bien souvent, les pasteurs qui se chargent de ce ministère d’accompagnement le font à temps partiel tout en s’occupant d’une paroisse. D’où le projet de soutien aux aumôneries lancé par le CEPCA (Conseil des Églises protestantes du Cameroun) avec le soutien du Défap, dont il est l’un des principaux partenaires dans ce pays. C’est dans le cadre d’une session de formation destinée aux aumôniers des hôpitaux que la pasteure Anne-Sophie Dentan-Verseils, qui s’occupe avec le pasteur Pierre de Mareuil de l’aumônerie de l’aéroport de Roissy, s’est rendue au Cameroun du 20 au 29 avril dernier.

En France, les aumôniers protestants des établissements sanitaires et médico-sociaux ont une charte, une fiche de mission et leur travail est reconnu comme un «service intégré» dans le système de santé ; ils se rencontrent lors de journées nationales. Rien de tout cela au Cameroun. Symptôme de ces lacunes d’organisation, il y a actuellement environ 200 aumôniers au Cameroun au sein des Églises Protestantes ; mais pas de liste permettant de tous les identifier, pas de rencontres entre aumôniers des diverses Églises, et guère plus au sein même des Églises. La mission de la pasteure Anne-Sophie Dentan-Verseils visait donc tout à la fois à se rendre compte de la réalité camerounaise et de l’étendue des besoins, organiser une rencontre de deux jours avec les aumôniers de manière à leur fournir des pistes de travail pour les aider à mieux comprendre les spécificités de ce ministère ; et ouvrir sur la suite du programme en faisant le point avec eux sur leurs besoins spécifiques en formation, et en envisageant des pistes possibles pour y répondre.

Travailler sur les spécificités du travail d’aumônerie

«La veille de la session, souligne Anne-Sophie Dentan-Verseils dans son rapport, nous ne savions pas si les aumôniers seraient 10, 20 ou 30… Ils ont été informés de l’existence de cette session quelques jours avant par téléphone. Comme il n’existe pas de listing, cette information a donc été très parcellaire. Cependant, nous avions quand même entre 23 et 25 aumôniers présents (suivant les moments) durant ces deux journées. Plusieurs avaient fait la route depuis le nord pour venir jusqu’à Yaoundé. Globalement la parole a bien circulé et les aumôniers ont été satisfaits des échanges et des interventions proposées.»

«Pendant ces deux journées, nous avons particulièrement travaillé à regarder avec le groupe ce qui fait les spécificités du travail d’aumônerie en comparaison du travail pastoral classique, et pour beaucoup cela a été une découverte. Ils sont particulièrement demandeurs de formation et nous avons pu lister l’ensemble des thématiques sur lesquelles ils souhaiteraient pouvoir avancer.» Parmi les propositions concernant le CEPCA : travailler à l’élaboration d’un cahier des charges de l’aumônier qui pourrait être ratifié par les Églises ; organiser des rencontres d’aumôniers de diverses Églises au niveau régional, sortes de pastorales qui permettraient aux aumôniers d’échanger entre eux sur leurs problématiques de travail. Les aumôniers ont aussi travaillé à un argumentaire qui devait être soumis aux directions d’Églises réunies en ce mois de mai à l’occasion de l’Assemblée Générale du CEPCA. Plus globalement, «il semblerait important, souligne Anne-Sophie Dentan-Verseils, que le CEPCA puisse travailler avec les directions des Églises à la valorisation de l’aumônerie et à l’harmonisation du travail des aumôniers (nominations, formations).»

Le CEPCA, partenaire du Défap au Cameroun
Le Conseil des Églises protestantes du Cameroun regroupe l’ensemble des onze Églises issues de la Réforme dans ce pays, et s’est ouvert récemment à six Églises associées de tendance plus évangélique/pentecôtiste. Le CEPCA représente environ 9 millions de fidèles, 10.000 temples (paroisses et lieux de cultes), environ 15.000 pasteurs, évangélistes et catéchistes, 1580 écoles, collèges, lycées et instituts de formation, environ 300 hôpitaux et centres de santé, une quinzaine d’institutions universitaires. La formation des aumôniers fait actuellement partie de ses grands chantiers, qu’il mène en lien avec le Défap. Autres projets en cours réunissant Défap et CEPCA : un colloque sur les extrémismes religieux, prévu en octobre 2018 au Cameroun et que suivra un second colloque en France dès 2019 ; et la mise en place d’un soutien à l’enseignement confessionnel dans le nord du pays.

Retrouvez ci-dessous quelques images de la session de formation

 

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